Collaboration Fratelli Mocchia di Coggiola x JamaisVulgaire: les souliers la Grande Chasse
Habituellement, mes collaborations s’articulent autour de marques apportant leur expertise technique, ou directement avec des ateliers de production, auxquels je propose ma vision esthétique.
Dans le cas présent, la genèse du projet fut différente. J’avais certes déjà identifié un atelier capable de produire en propre, mais je manquais jusque là d’inspiration et d’enthousiasme pour vous proposer une paire qui sorte vraiment du lot.
C’est ma discussion avec Francesco et Massimiliano de Fratelli Mocchia di Coggiola qui a véritablement catalysé ce projet. Ensemble, nous avons imaginé trois paires de souliers pour leur nouvelle collection d’hiver : la Grande Chasse. Pour ceux qui suivent le blog depuis un moment, vous connaissez déjà cette maison dont j’ai évoqué l’univers créatif dans plusieurs articles. Leur approche unique et leur créativité sans compromis m’ont toujours séduit, et je savais qu’ensemble, nous pourrions créer quelque chose de véritablement exceptionnel.
La grande signature de notre collaboration: c’est le talon cubain, que nous avons adapté à plusieurs modèles.
Rien qu’à leur nom, les bottines balmoral évoquent le style Gentleman Farmer, la chasse à courre ainsi que les châteaux humides. Nous voulions en faire une version habillée et sobre, avec un contraste subtil entre cuir noir box calf et cuir suédé gris: elle pourront ainsi se porter facilement aussi bien avec une tenue casual qu’avec un costume. Le talon cubain leur donne cette touche finale de caractère qui va largement vous démarquer. J’espère que ça vous plaira !
Valéry
LA BALMORAL : DE LA LANDE ÉCOSSAISE AUX PAVÉS CITADINS
L’histoire de la Balmoral illustre parfaitement comment une pièce initialement technique peut transcender sa fonction première. Née au milieu du XIXe siècle sous l’impulsion du Prince Albert, elle fut conçue par le bottier Joseph Sparkes Hall pour répondre à un besoin précis : allier l’élégance d’une bottine d’intérieur à la robustesse nécessaire pour arpenter les landes écossaises.
Sa construction distinctive, avec cette fameuse couture horizontale séparant les parties supérieure et inférieure, permet un contraste de matières particulièrement élégant. Le modèle original associait un cuir robuste en partie basse à un daim ou un tissu plus raffiné en partie haute.
L’adoption du modèle par la Reine Victoria marqua un tournant décisif, transformant ce qui n’était qu’une bottine fonctionnelle en un véritable symbole d’élégance. La Balmoral s’est progressivement raccourcie, passant d’une botte mi-mollet à une bottine citadine, tout en conservant sa signature technique distinctive.
Cette évolution, couplée à sa construction unique, en fait aujourd’hui une pièce particulièrement polyvalente, aussi à l’aise dans un contexte formel qu’avec une tenue plus décontractée.
Ce qui différencie nos bottines balmorales:
Le talon cubain
Le talon cubain apporte ici un contraste intéressant avec le style très britannique de cette paire. Là où une forme ronde classique avec un talon droit s’inscrirait naturellement dans un registre Gentleman Farmer assez attendu, le talon cubain vient subtilement bousculer les codes en apportant une touche plus européenne continentale.
Cette géométrie plus affirmée du talon permet aussi de moderniser la silhouette sans pour autant dénaturer son ADN campagnard – un peu à la manière d’une veste sport en tweed qui serait portée avec une construction plus souple à l’italienne plutôt qu’avec l’habituelle structure anglaise.
Cousu Goodyear
La construction Goodyear vient ici appuyer plusieurs caractéristiques intéressantes de cette paire de balmoral. D’abord, elle offre une excellente durabilité au modèle, cohérente avec l’utilisation d’un cuir pleine fleur qui va lui aussi gagner en caractère avec le temps. Le choix d’un talon cubain, plus marqué qu’un talon classique, donne une prestance supplémentaire à la silhouette tout en restant subtil sur une forme ronde relativement sobre.
. On arrive ainsi à un modèle qui combine élégance traditionnelle et originalité discrète.
Notre atelier en Espagne, à Almansa
Pour ce projet, nous travaillons avec un atelier espagnol situé à Almansa. Cet atelier possède des process très flexibles et nous permet de vous proposer des précommandes en petite quantité, donc en prenant plus de risques sur des modèles plus originaux (d’où des détails comme le talon cubain).
Almansa, un des bastions espagnols du soulier
L’histoire de la cordonnerie d’Almansa débute véritablement au XVIIIe siècle, avec de petits ateliers dirigés chacun par un “Maestro” artisan, secondé par deux compagnons et un apprenti. La ville compte rapidement plus de 200 ateliers, dont le succès croissant permet l’accumulation du capital nécessaire à l’émergence des premières manufactures.
La famille Coloma marque un tournant décisif au début du XXe siècle en industrialisant la production, sans pour autant sacrifier l’excellence artisanale. La méthode Goodyear Welt, avec ses 200 opérations manuelles, reste d’ailleurs encore aujourd’hui la signature technique de ces manufactures, qui excellent toutefois également avec le Blake.
Les manufactures d’Almansa se distinguent désormais par leur production intégrée, leur rigueur technique et l’utilisation exclusive des meilleurs cuirs italiens et allemands. Un équilibre subtil entre tradition artisanale et exigences modernes qui fait la réputation de ce bastion historique de la chaussure de luxe.
Le cuir: box calf de chez CONCERIA NUOVA ANTILOPE
Le box calf est un cuir de veau pleine fleur qui se caractérise par son tannage au chrome, reconnaissable à sa tranche gris-bleutée si particulière. Sa surface parfaitement lisse et sa finition protéique lui confèrent une prestance formelle qui en fait la matière de prédilection pour les souliers habillés. Sa souplesse naturelle et sa finesse en font également un cuir particulièrement agréable à porter.
Conceria Nuova Antilope est une tannerie italienne confidentielle, en activité depuis 1958.
Une forme ronde anglaise et polyvalente
Les talons cubains apportent déjà une esthétique racée à cette paire: nous avons donc voulu l’équilibrer avec une forme ronde, polyvalente et facile à porter.
Vous l’avez sûrement remarqué si vous suivez le blog depuis un moment : j’ai un faible pour les formes rondes.
Voici ses avantages:
– un espace plus généreux au niveau des orteils – plus d’espace pour un cou-de-pied prononcé, là où une forme plus effilée pourrait s’avérer contraignante. – une meilleure répartition du poids et un meilleur confort lors de la marche
Enfin, la forme ronde colle parfaitement à l’héritage Gentleman Farmer des bottines balmorales, typiquement britanniques.
Bien prendre vos mesures
Longueur:
- Commencez par poser une feuille de papier au sol. Placez-vous dessus en portant les chaussettes que vous comptez utiliser avec vos futures chaussures (ce détail fait toute la différence pour obtenir une mesure précise).
- À l’aide d’un crayon, dessinez le contour de votre pied en maintenant le crayon bien perpendiculaire. La précision est importante : le trait doit suivre parfaitement les contours.
- Une fois le contour réalisé, tracez deux repères horizontaux : l’un au niveau du talon, l’autre à l’extrémité des orteils. La distance entre ces deux points vous donnera la longueur exacte de votre pied. Mesurez cette distance avec un mètre ruban ou une règle.
Largeur:
Pour obtenir une mesure précise, repérez d’abord la partie la plus large de votre pied : elle se situe généralement au niveau des articulations métatarso-phalangiennes (plus simplement, là où vos orteils rejoignent le reste du pied).
Enroulez ensuite votre mètre ruban autour du pied à ce niveau précis, en veillant à ce qu’il soit bien horizontal et ni trop serré ni trop lâche. La mesure obtenue vous donnera la circonférence exacte de votre pied à son point le plus large.
Pointure | 38.0 | 38.5 | 39.0 | 39.5 | 40.0 | 40.5 | 41.0 | 41.5 | 42.0 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Longueur (mm) | 238.4 | 241.7 | 245.0 | 248.4 | 251.7 | 255.0 | 258.3 | 261.7 | 265.0 |
Largeur (mm) | 232.0 | 234.3 | 236.5 | 238.8 | 241.0 | 243.3 | 245.5 | 247.8 | 250.0 |
Pointure | 42.5 | 43.0 | 43.5 | 44.0 | 44.5 | 45.0 | 45.5 | 46.0 | 46.5 |
Longueur (mm) | 268.3 | 271.7 | 275.0 | 278.3 | 281.7 | 285.0 | 288.3 | 291.6 | 295.0 |
Largeur (mm) | 252.3 | 254.5 | 256.8 | 259.0 | 261.3 | 263.5 | 265.8 | 268.0 | 270.3 |
Pointure | 47.0 | 47.5 | 48.0 | 48.5 | 49.0 | 49.5 | 50.0 | ||
Longueur (mm) | 298.3 | 301.6 | 305.0 | 308.3 | 311.6 | 315.0 | 318.3 | ||
Largeur (mm) | 272.5 | 274.8 | 277.0 | 279.3 | 281.5 | 283.8 | 286.0 |
Conseils de style
Les balmorales noires s’intègrent naturellement dans cette tenue aux influences britanniques marquées. Face à une veste Prince de Galles et un pantalon gurkha en chevrons, leur sobriété permet d’ancrer l’ensemble dans un registre habillé tout en laissant les textures des lainages s’exprimer.
La combinaison des motifs fonctionne grâce à des échelles différentes, tandis que les balmorales, avec leur cuir lisse, apportent un contraste de texture qui évite l’effet “total look tweed”. Leur simplicité permet de ne pas surcharger une tenue déjà riche en détails sartoriaux comme le ceinturage gurkha et les revers généreux.
Ici les balmorales s’inscrivent parfaitement dans le registre business de la tenue. Le pied de poule texturé du blazer trouve un bel écho dans le cuir lisse des souliers, créant un contraste subtil de matières. La simplicité des balmorales permet de ne pas surcharger une tenue déjà riche en motifs.
Les balmorales noires créent ici un contraste intéressant avec la jungle jacket déstructurée. Là où des desert boots auraient été plus cohérentes avec le style utilitaire de la veste, les balmorales apportent une touche plus habillée qui équilibre bien le gurkha en tweed. On arrive ainsi à un ensemble qui joue habilement entre les registres casual et formel, tout en restant cohérent grâce aux textures mates qui se font bien echo entre le tweed et le cuir pleine fleur des souliers.
Les balmorales viennent ici structurer une tenue plus décontractée. Associées au pantalon à pinces et au col roulé, elles donnent une allure plus habillée à l’ensemble sans tomber dans l’excès de formalité. La sobriété du col roulé et du gurkha permet aux souliers de s’intégrer naturellement.
Le contraste est ici plus marqué entre les balmorales et la safari jacket utilitaire. C’est le gurkha beige qui fait le lien entre ces deux pièces, permettant une transition élégante entre le haut plus casual et le bas plus habillé.
Un excellent exemple de mélange des genres réussi : les balmorales apportent une touche d’élégance à une tenue dominée par le blouson aviateur en cuir. Le pantalon en velours côtelé et le col roulé texturé créent une transition naturelle vers les souliers formels. L’ensemble illustre parfaitement comment une paire de balmorales peut s’intégrer dans une tenue casual sans créer de dissonance.
Ici, les balmorales créent un contraste intéressant avec la safari jacket utilitaire. Le pantalon kaki à pinces joue parfaitement son rôle de transition entre le haut plus décontracté et le bas plus formel. Les textures mates du coton de la veste et du pantalon dialoguent parfaitement avec le cuir des souliers, créant une harmonie visuelle malgré le mélange des registres.
Les balmorales noires apportent ici une base formelle parfaitement cohérente avec le caractère très britannique de la tenue. Face à un tartan affirmé et un blazer en flanelle, leur sobriété permet de ne pas surcharger l’ensemble. On note une belle cohérence des matières entre la flanelle du blazer, la laine du tartan et le cuir mat des souliers. Le bouton de manchette et la cravate à motifs renforcent ce côté très habillé que les balmorales viennent naturellement compléter.